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Libération

«L'ennemi» aux portes de Clermont . Via l'usine Dunlop de Montluçon, Goodyear s'installe en Europe.

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par Jean MAZEROL
publié le 11 septembre 1999 à 0h31

Clermont-Ferrand, correspondance.

Les stratèges de Clermont-Ferrand doivent s'en mordre les doigts: leur pingrerie leur revient comme un boomerang et ouvre un boulevard au pire et historique ennemi de Michelin, l'américain Goodyear. Car celui-ci a acheté en février le japonais Sumitomo et, avec Sumitomo, Dunlop, installé à Montluçon.

Repreneurs. Octobre 1983, branle-bas de combat dans la sous-préfecture de l'Allier, deuxième ville de la région Auvergne: Dunlop vient de déposer son bilan. Le sort de l'activité industrielle de tout un bassin et l'emploi de 2 500 personnes sont suspendus aux enchères des deux repreneurs en lice. Le japonais Sumitomo et la multinationale «locale», Michelin. Malgré les «encouragements», au nom de la solidarité auvergnate, des élus régionaux, la place des Carmes, siège du groupe français à Clermont, «mise» petit: alors que Sumitomo s'engage à sauver 1 272 emplois, Michelin n'en reprendrait que la moitié.

Les syndicats et la mairie communiste n'hésitent pas: ils mobilisent les 50 000 habitants de Montluçon et en font défiler 20 000 dans les rues en faveur de Sumitomo: mieux vaut un «étranger» qui garantit l'emploi et le suivi des productions que le «cousin» Michelin qui gardera à peine 150 ou 200 postes sur le site, pour n'en faire qu'un centre de stockage et de distribution. De fait, Sumitomo a sacrifié la branche poids-lourds (puis les balles de tennis et, un peu plus tard, les pneus avion), mais les autres activités (pneus camionnettes, moto") ont