Et si Cuba produisait et vendait sur son territoire du Coca-Cola, un
Coca «cubano», sans se soucier de plagier ouvertement la plus célèbre marque déposée? C'est un Fidel Castro en colère qui a proféré cette menace en mai: «Qu'on ne vienne pas se plaindre si nous utilisons des marques nord-américaines pour fabriquer et vendre des produits! Nous n'allons pas rester les bras croisés.» Le courroux du Lider Maximo répliquait à un arrêt d'un tribunal de New York. Celui-ci prétend priver Cuba de la marque «Havana Club», la plus célèbre appellation de rhum distillé dans l'île, afin d'en attribuer l'exclusivité sur le territoire américain au groupe Bacardi. Le camouflet à des relents idéologiques: Bacardi, premier producteur mondial de rhum, avait fui La Havane pour les Etats-Unis au lendemain de la révolution de 1959, et aujourd'hui le groupe subventionne généreusement le lobby cubain anticastriste.
L'Europe s'en mêle. Pernod-Ricard, le géant français des liqueurs, a aussi vivement réagi. Coactionnaire, avec l'Etat cubain, du joint-venture Havana Club Holding, c'est lui qui commercialise à l'exportation le Havana Club, et il entend rester maître de l'appellation. Pernod-Ricard a porté plainte auprès de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Et l'affaire a pris une nouvelle dimension depuis que l'Union européenne a épousé la cause de Pernod. L'affaire est sur le bureau de l'OMC à Genève, où la Commission de Bruxelles veut faire condamner une loi américaine, votée en 1998 au Capitol