L e billet d'avion, c'est comme le pack de bière ou la bouteille de
lait: on peut le vendre selon le même principe d'évidence élémentaire, pourvu qu'on y mette de la bonne volonté. Partant du double constat que le transport aérien continue de profiter d'une de ses périodes fastes, et que la démocratisation des vols se vérifie tous les jours, les hypermarchés Carrefour célèbrent l'an 2000 en bradant des milliers de billets d'avion, comme des tonnes de jarrets de veau, des frigidaires ou des Levi's 501. A coups de pleines pages de publicité achetées dans les quotidiens, sur un mode de réclame ultrabasique, la chaîne de grande distribution assomme le marché aérien de ses «coups historiques». Et ça marche. Réussite commerciale. Carrefour a écoulé les 5000 allers-retours Paris-New York à 1499 F en six heures de temps, et 2000 Paris-Rio de Janeiro à 2299 F en cinq heures trente. Après Hong kong à 2299 F et 30 villes européennes à 1290 F, le groupe prépare une fin de campagne flamboyante et s'apprête à proposer 27 000 allers-retours vers 40 villes dans le monde. S'il ne s'agissait que de cette campagne de promotion «hard-hard-sale», Carrefour se contenterait d'être un soldeur de billets, comme Dégriftour, Travel Tours, le Comptoir bleu ou Forum Voyage. Ce qui n'est pas tout à fait le cas. Car, à la différence des autres discounters, l'hypermarché est en train d'inventer un nouveau mode de distribution dans le secteur du voyage. Chez Vacances Carrefour, on n'achète pas un billet d'a