Menu
Libération

SPECIAL CHINE : Le barrage des Trois-Gorges va-t-il se lézarder? Alors que le chantier démesuré sur le fleuve Yang-tseu a commencé, les critiques se font de plus en plus véhémentes.

Article réservé aux abonnés
publié le 1er octobre 1999 à 0h59

Petit matin de brume sur le plus gigantesque chantier du monde. Une

colonne d'ouvriers grimpe les fragiles échelles de fer, accrochées à flanc de granit, et s'installe sur les échafaudages sans filets. Les premières explosions de la journée soulèvent des nuages de poussière: la colline est éventrée à la dynamite pour une tranchée de deux kilomètres de long. Un peu plus loin, sur le site du futur barrage des Trois-Gorges, le chantier s'active: les premières bases de béton déjà coulées commencent tout juste à donner l'idée du gigantisme.

Controverses. Les chiffres montrent la dimension pharaonique du projet: plus de 100 millions de mètres cubes de granit et de terre, déjà excavés, et près de 28 millions de mètres cubes de béton à couler! La digue de béton sera plus élevée qu'un immeuble de 70 étages (185 m). Des dimensions à la démesure du fleuve dompté: le Yang-tseu, qui étire ses 6 300 km en serpentant des hauts plateaux tibétains aux terres basses de Shanghai. Une débauche de superlatifs qui ne fait qu'égaler le torrent de controverses déversé à propos de la faisabilité et de l'intérêt même du barrage pour lequel la fin des travaux est prévu pour 2 003 et l'entrée en service des installations hydrauliques pour 2 009.

Tout commence en 1992, avec presque sept décennies de faux départs. Alors Premier ministre, Li Peng fait passer au forceps le projet auquel le Conseil d'Etat avait apposé un avis négatif en 1989. Ancien ingénieur hydraulique formé à Moscou, Li Peng fait du barrag