C'était cette semaine la «party» la plus chic de la planète. Au pied
de la «perle de l'Orient», cette drôle de tour de télévision agrafée sur les bords de Shanghai, dans un centre de conférence achevé la veille au soir, l'élite du capitalisme mondial, réunie là par le magazine américain Fortune, recevait à dîner le président chinois Jiang Zemin. Difficile de dire qui était le plus à la fête, des patrons de Coca-Cola et de General Motors accueillis comme des chefs d'Etat ou du numéro un chinois qui avait fait le voyage spécialement de Pékin pour rencontrer les «barbares». Et, tandis que Jiang Zemin coulait un regard sur Jane Fonda, assise à ses côtés, le patron de Time Warner, la «puissance» invitante, appelait la Chine à «participer sans restriction à la mondialisation» avant que n'explose un feu d'artifice géant sur les tours de Pudong, la zone économique spéciale de la ville, à la gloire du capitalisme et du socialisme enfin réunis. Une partie de ces grands patrons se retrouvaient hier à Pékin, reçus par le Premier ministre Zhu Rongji, l'artisan des réformes économiques chinoises, choyés et fêtés à la veille du 50e anniversaire du régime communiste.
Quelques mois à peine après le bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade par les avions de l'Otan et les manifestations anti-occidentales qui avaient suivi, cet accueil ne surprend pas. Les dirigeants chinois ont avidement besoin des capitaux étrangers pour moderniser un pays qui part de très loin; le reste du monde a beso