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Libération

L'Equateur décrète sa faillite.Le pays a suspendu le remboursement de sa dette car «il n'y a plus d'argent».

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publié le 5 octobre 1999 à 1h03

«Tout ce que je demande à nos créanciers, c'est de comprendre que

nos dettes dépassent le revenu annuel de la nation, que nous utilisons la moitié de notre budget pour les rembourser, et que nous ne pouvons plus payer parce que nous n'avons pas d'argent.» C'est ainsi que le président de l'Equateur Jamil Mahuad a annoncé que son pays, aux finances exsangues, suspendait le versement des intérêts d'une partie de ses créances, et qu'il sollicitait le maximum de compréhension pour l'aider à franchir cette mauvaise passe.

La Banque centrale équatorienne a effectivement omis d'honorer vendredi une échéance portant sur 44,5 millions de dollars. La réponse des prêteurs concernés ne s'est pas fait attendre: la Chase Manhattan Bank exige, en leur nom, le paiement des intérêts et le remboursement immédiat du capital, soit de 1,6 milliard de dollars. L'épisode est suivi à la loupe par des investisseurs internationaux, inquiets de la récession quasi générale en Amérique du Sud. Ce n'est pas l'importance des sommes qui pose problème ­ l'Equateur produit moins, en une année entière, que les Etats-Unis en une seule journée ­ mais le risque de contagion.

Le président Mahuad a brisé un tabou en s'en prenant aux «obligations Brady», émises en 1994 pour rééchelonner les dettes creusées en Amérique latine par la dépression des années 80. Une partie de ces obligations Brady sont garanties par le gouvernement américain, et l'Equateur a invité leurs détenteurs à faire jouer la garantie. Une démarche qu