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Libération

Fonds de pension, fonds de pression.Le président de Calpers minimise leur influence. A tort.

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publié le 12 octobre 1999 à 1h08

«Alors le grand méchant loup mangea de la craie pour éclaircir sa

voix, et montra sa patte blanche"» Lorsqu'on écoute William Crist, il faut se répéter mentalement ce passage du conte des sept petits biquets. Sinon, il est si facile de lâcher prise, de lui donner le bon Dieu sans confession, et d'oublier que les fonds de pension sont au coeur d'un système qui soulève bien des questions.

Ne serait cette petite liste des participations qu'il consulte de temps à autre («Mmm" voyons, Elf, nous en avons 31 millions de dollars»), Bill Crist est un type normal, un enseignant arrivé à ce poste grâce au syndicalisme. Professeur d'économie du travail, il a fondé l'association des professeurs d'université californiens. Il n'a pas le langage d'un ayatollah ultralibéral; à Paris, il ne descend ni au Ritz, ni au Crion, mais dans un hôtel normal pour cadres; son oeil ne s'allume pas quand on lui parle de pouvoir. Ce n'est pas Dark Vador.

Faut-il pour autant le suivre lorsqu'il affirme que les fonds de pension sont neutres pour le système économique, qu'ils ne sont pour rien dans l'actuelle course, exténuante, à la rentabilité? Evidemment non. Tous les présidents des grandes entreprises en témoignent: leur vie a changé, car les actionnaires ont pris le pouvoir, surtout sous l'influence des plus stables, les fonds de pension. Ces derniers imposent des règles (la fameuse corporate governance) afin de s'assurer que leurs intérêts soient prioritairement respectés. Ce système favorise une rentabil