L'ensemble franco-allemand Aérospatiale-Matra-Dasa (EADS) est-il
viable? Quatre jours après la signature de l'accord donnant naissance à ce géant, qui devient le troisième groupe mondial de l'aéronautique, des voix discordantes continuent à se faire entendre sur l'opération, et notamment sur la présence de l'Etat français dans le tour de table de l'entreprise. Comme si les embrassades politiques et l'euphorie de l'annonce passées, chacun réalisait à quel point le chemin allait être semé d'embûches. De fait, il va l'être. Il y a tant d'intérêts, de sensibilités, et de nationalités (voire de nationalismes) à faire converger que l'opération de fusion s'annonce difficile.
D'autant que celle-ci s'est préparée en un temps record, avec un minimum de personnes informées. Entamées par Jean-Luc Lagardère dès le dernier Salon aéronautique du Bourget, en juin, elles se sont bouclées en douze jours, avec des consignes de confidentialité très strictes afin de ne pas peser sur les cours de Bourse. Trois personnes, pas plus, étaient habilitées à discuter dans chacun des deux états-majors industriels (Aérospatiale-Matra en France, Dasa en Allemagne) et l'Etat français était représenté par le ministre de l'Economie et des Finances, Dominique Strauss-Kahn, qui était en liaison avec ses homologues de la Défense (Alain Richard) et des Transports (Jean-Claude Gayssot). Cela signifie que bon nombres d'acteurs a priori concernés, comme Serge Dassault (dont Aérospatiale-Matra détient 46% de la société