A moins de quarante jours de l'ouverture, à Seattle, d'un nouveau
cycle de discussions commerciales planétaires, Pascal Lamy, le commissaire européen au Commerce extérieur, avait trouvé une bonne formule pour résumer les préliminaires: «Les deux principaux blocs, avait-il déclaré jeudi dernier, sont comme des Indiens qui se mettent des plumes et qui se peignent la face de couleurs vives.» Le problème, ajoutait-il, «c'est de savoir si et quand un calumet peut sortir».
Jusqu'à hier, l'Europe et les Etats-Unis montraient les crocs: à défaut d'ordre du jour convenable, jurait chacun d'entre eux, il n'y aurait pas de négociation du tout! Le ton était monté si haut que le nouveau directeur général de l'OMC, Mike Moore, commençait à exprimer publiquement ses doutes sur les chances de Seattle.
S'il n'est pas encore fumé, le calumet a pourtant été sorti hier, sur les bords du lac Léman. Dans un grand hôtel de Lausanne, les principaux acteurs (1) du «cycle du millénaire» sont tombés d'accord pour régler leurs différends sur l'ordre du jour de la conférence de Seattle. Deux positions s'opposent. Les Etats-Unis, qui plaident l'efficacité, proposent une discussion courte (trois ans) sur une liste de sujets limités, à savoir ceux qui n'ont pas été réglés lors du précédent «round» de négociations: agriculture et services. Les Européens, craignant le traquenard une négociation ne concernant que l'agriculture, dossier où ils sont en position d'accusés exigent quant à eux un cycle beaucoup p