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Libération

Huit heures par jour avec la gomme et les mouchards. Michel, ouvrier chez Michelin depuis 1974, décrit les conditions de travail.

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publié le 28 octobre 1999 à 1h22

Quatre heures et demie du matin, devant l'usine Michelin de Cataroux

à Clermont, des ouvriers sortent d'un bus aux armes de Bibendum. Certains s'engouffrent immédiatement dans l'enceinte de l'usine. D'autres prennent le temps d'aller boire un café à l'Elysée Bar, un des bistrots installés en face de la manufacture. «On passe déjà huit heures là-dedans, on ne va pas se précipiter pour faire du rab, non?» Michel est entré chez Michelin en 1974, à la manutention. «J'avais passé trois ans avant en apprentissage dans le bâtiment. On bougeait tous les jours, raconte-t-il. Quand je suis entré à la Maison, ça m'a fait un choc. Il fallait que je reste devant ma machine, à ne pas bouger, à faire tout le temps les même gestes.» Vingt-cinq ans plus tard, il est toujours là. Et, à cinq heures moins le quart, s'il est d'équipe du matin, il entre dans l'usine. Direction le vestiaire. Il enfile son bleu et sa chemise à carreaux Michelin. Puis se dirige vers le «PX», l'atelier qui fabrique les pièces en caoutchouc utilisées sur les chaînes de fabrication. «Ici, on est un peu plus tranquille [35 personnes, dont 4 femmes, y travaillent] que dans les autres ateliers, confie Michel. On a aussi du rendement à faire, mais c'est un peu moins fatiguant. On travaille toujours sur des petites séries, on change de machine.» Le cauchemar du «23». Avant, Michel travaillait au «23», les pneus neige. «Il fallait faire 200 pneus par jour.» Il y est resté deux ans et se souvient d'en avoir bavé: «On décou