Une nouvelle peur hante l'Europe du transport. Elle a pour nom Willi
Betz, WB pour les intimes. Sous ce nom se cache une entreprise de transport allemande, tout à fait honorable, et tout à fait redoutable. Car elle a réussi une synthèse originale du marché unique européen, des méthodes modernes de management, de l'équipement informatique et de la délocalisation de main-d'oeuvre. Les 8 000 camions de l'entreprise sont suivis sur l'ensemble du continent par satellite. Les commandes de prises de fret leurs sont transmises depuis un centre opérationnel à Routlingen, près de Stuttgart. Dans cet océan de modernité, 4 000 conducteurs, sur 8 000, sont citoyens bulgares, rémunérés en Bulgarie, à des tarifs de moitié inférieur aux prix européens. Jamais en défaut avec la législation, Willy Betz, qui a implanté des agences sur tout le territoire de l'Europe continentale, à l'intérieur et à l'extérieur, casse les prix, rafle les contrats et donne le tournis aux patrons routiers français.
Bloc Est. Willi Betz est tout le contraire d'un pirate de la route. Avec cinquante ans d'existence avérée en Allemagne, une très bonne réputation professionnelle, un respect scrupuleux des règles de sécurité. Son aventure a commencé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est un de ceux qui se jettent sur les marchés difficiles du transport international vers les pays de l'autre côté du Rideau de fer où il noue de solides liens avec les entreprises de transports du bloc communiste. Il en sera récompen