Djakarta, envoyé spécial.
C'est paradoxalement par une image du passé que s'est ouvert ce que les Indonésiens espèrent être une nouvelle ère pour l'économie du pays, débarrassée de la corruption et de l'inefficacité bureaucratique, chroniques dans l'archipel. La banque centrale a solennellement lancé le nouveau billet de 100 000 roupies (90 F) orné de la figure hiératique de Sukarno, le fondateur de l'Indonésie indépendante évincé du pouvoir par les militaires il y a trente-deux ans. Sukarno est le père de Megawati Sukarnoputri élue vice-présidente par un collège électoral le 21 octobre. Les «Suharto» du nom du président tombé sous la pression populaire en mai 1998 de 50 000 roupies imprimés depuis l'an passé devraient être retirés progressivement de la circulation, tant la figure de l'ex-homme fort du pays est haïe par l'opinion.
Au-delà des symboles, le lancement de la nouvelle coupure annonce aussi les défis que doit affronter le nouveau gouvernement mis en place par le président Abdurrahman Wahid, alias Gus Dur: l'Indonésie doit rapidement augmenter sa masse monétaire si elle veut relancer son économie grippée par le blocage du système de crédit, et également répondre aux retraits paniques des angoissés du «bug» de l'an 2000.
«Baligate». Dans l'immédiat, la nouvelle équipe économique, dirigée par l'homme d'affaires chinois Kwik Kian Gie, ministre coordonnateur pour l'Economie, les Finances et l'Industrie, doit rétablir de façon urgente l'aide du FMI et de la Banque asi