Saint-Nazaire envoyé spécial
Quatre jours par semaine, la salle du petit déjeuner de l'hôtel Saint-Louis devient labo de langue, à la bonne franquette, les tasses à café encore tièdes. Prof pour l'occasion, Jeanine Aoustin dispense bénévolement des cours de conversation à une douzaine de jeunes ingénieurs espagnols, sous contrat de deux mois aux Chantiers de l'Atlantique. «Je débrouille les collègues de mon mari», confie cette épouse d'un technicien des bureaux d'études. A l'hôtel La Belle Épée, c'est le gérant qui accompagne au marché ses clients, des techniciens anglais également sous contrat, pour leur faire découvrir les étals des fromagers. Les carnets de commande de paquebots sont pleins jusqu'en 2001. Le secteur naval va passer de 6 000 à 12 000 salariés, voire un millier de plus. C'est l'ébullition à Saint-Nazaire pour répondre à la demande. Et un véritable casse-tête pour accorder les équipements, les services, les logements à un surcroît de population en majorité temporaire. Pas question en effet pour les chantiers navals, alias Alstom Marine, de grossir leurs effectifs actuellement de 4 000 salariés. Ce sont les sous-traitants qui vont «devoir» embaucher. Mais eux-mêmes vont sous-traiter à d'autres sous-traitants qui peut-être sous-traiteront à leur tour. Et les emplois créés seront pour une bonne part des «emplois précaires», intérim ou CDD. Dans cette ville de 65 000 habitants, pas moins de vingt-quatre agences temporaires se partagent le gâteau. Certains chôme