Le mot «groupe» agace ses papilles comme des raisins verts. Et quand il repère Yquem, part minuscule sur le camembert à 51,4 milliards de Bernard Arnault, son coeur se serre. Quatre siècles de «continuité familiale» finissent au rayon vins et spiritueux de LVMH, entre Hennessy et la veuve Clicquot. Epinglés dans la vitrine de luxe de Bernard Arnault, l'étiquette dorée d'Yquem et les blasons de la famille" Le comte Alexandre de Lur Saluces, ex-héritier du château d'Yquem et ci-devant gérant de SCI, se remet mal d'avoir dû vendre son château, et un peu son âme, au printemps dernier. Sans démonstrations excessives: «Tout change», dit-il. L'essentiel n'est-il pas que rien ne bouge? «Je vais m'attacher à perpétuer Yquem, morceau de civilisation.» A défaut de la terre, il transmettra la Morale d'Yquem, racontée pour la postérité dans un livre (1). L'esprit insaisissable du lieu, du vin, dont il n'est que le dépositaire héréditaire: «Quiconque affirme être propriétaire de l'esprit d'Yquem est un menteur.» Avis aux nouveaux actionnaires.
Six mois après l'armistice (assorti d'un chèque de près de 600 millions de francs pour la famille), aucun signe extérieur de nouveauté. Ni coupeur de têtes dans les couloirs du château, ni logo sur les armes. Alexandre de Lur Saluces termine son règne en paix, sa résistance à l'envahisseur financier est oubliée. En 1997, après l'assaut de LVMH allié à sa propre famille sur Yquem, il avait fait donner la grosse artillerie. Quarante procédures, «engren