Francfort envoyé spécial
C'est un peu comme une fête d'Halloween qui aurait mal tourné. La Banque centrale européenne (BCE) agitait depuis plusieurs semaines le spectre du retour de l'inflation. A force de se faire peur, elle a fini par y croire: hier, les 17 membres du Conseil des gouverneurs, l'instance suprême de la Banque, ont décidé d'augmenter les taux d'intérêt de un demi point. Le principal taux directeur de la zone euro passe donc de 2,5% à 3%. Ce faisant, la BCE efface d'un coup la baisse de 0,5% qu'elle avait décidée le 8 avril afin de soutenir une croissance alors fort défaillante. Wim Duisenberg, le président de la BCE, a eu néanmoins quelques difficultés à convaincre que les menaces inflationnistes étaient bien réelles et qu'elles justifiaient une potion aussi radicale. Pour rappel, l'inflation se monte actuellement à 1,2%. L'Allemagne et l'Italie, qui ont le plus grand mal à sortir du «trou d'air» (0,6% et 0,8% de croissance en 1999) où les ont précipité les crises asiatique et russe, risquent de ne pas apprécier la plaisanterie. Le plein-emploi, notamment en France, est encore loin. Or, une hausse des taux, c'est une façon d'appuyer sur la pédale de frein afin de ralentir l'activité et donc de diminuer les supposées pressions inflationnistes. La BCE doit, pense-t-elle, agir très en amont afin d'éviter tout retour de l'inflation. Sinon, elle serait obligée d'appuyer brutalement sur la pédale de frein au risque de faire dérailler l'économie. Mais actuellement, c