New York, de notre correspondant.
La guerre est déclarée dans l'industrie pharmaceutique américaine. Vingt-quatre heures après annoncé sa fusion de 72 milliards de dollars avec son «nouveau partenaire» American Home Products», le laboratoire Warner-Lambert a dû préciser hier matin qu'il rejetait la plus importante offre publique d'achat hostile jamais présentée outre-Atlantique. Une OPA de 80 milliards de dollars (environ 500 milliards de francs) lancée dans la foulée par le groupe Pfizer, le père du Viagra. Dans un communiqué, le comité de direction de Warner-Lambert a estimé que l'alliance initiale «restait dans le meilleur intérêt de ses actionnaires». L'intervention de Pfizer marque toutefois le premier chapitre d'une bataille pour la prise de contrôle de Warner-Lambert qui pourrait durer des mois. Dès jeudi, sans attendre le texte de leur direction, plusieurs actionnaires de Warner-Lambert ont lancé onze actions en justice pour bloquer l'alliance avec American Home et «s'assurer que la compagnie remplissait son obligation légale d'obtenir le meilleur prix pour ses actions». Hier, les analystes boursiers assuraient ainsi que plusieurs autres groupes, américains ou européens, pourraient désormais s'intéresser de très près à Warner-Lambert, n'excluant pas «une surenchère dans les OPA». La stratégie agressive de Pfizer a surpris: le monde de la pharmacie est traditionnellement habitué aux unions amicales et sans remous. Elle pourrait annoncer une nouvelle vague de fusions