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Libération
Interview

Marc Viénot, ex-président de la Société générale.«Il y a des cas totalement abusifs»

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publié le 8 novembre 1999 à 1h49

Marc Viénot est l'ex-président de la Société générale, il a établi

récemment un rapport sur le «gouvernement d'entreprise».

L'affaire Jaffré a relancé le débat sur les rémunérations des PDG, et montre qu'on est loin de la transparence. La France est loin d'être une exception! Il n'y a que deux pays au monde où les dirigeants publient leurs rémunérations individuelles: les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Les patrons français sont aussi cachottiers sur le sujet que les patrons allemands, italiens, espagnols ou suisses. Qu'on ne nous dise pas que nous sommes exceptionnellement archaïques. On en est là parce que nous sommes un pays latin, parce que chez nous l'argent n'est pas considéré comme une valeur positive. Rappelez-vous Antoine Riboud (à l'époque, PDG de Danone, ndlr) à l'émission l'Heure de vérité. Il avait fait l'admiration de la presse française en donnant le montant de son traitement. Seulement, voilà. Il n'avait donné que la partie française de son traitement. Les Américains extériorisent naturellement leur santé patrimoniale. Les Anglais, eux, y sont venus pour des raisons boursières. Mais lentement.

L'explication culturelle n'est tout de même pas suffisante" Effectivement, il y a aussi un souci de protection de la vie privée. En France, il y a un tel voyeurisme du grand public sur toutes ces questions que les dirigeants ont de quoi être méfiants. Et puis il y a un côté discriminatoire à prendre des catégories sociales et à les exposer. Cela heurte sincèrement les