Menu
Libération

Bulles françaises autour de Champalimaud.Les banquiers surveillent de près le conflit qui oppose Bruxelles à Lisbonne.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 novembre 1999 à 1h53

L'affaire BSCH-Champalimaud est au Portugal ce que la vache folle

est à la France. Depuis cinq mois (voir ci-dessous), le gouvernement de Lisbonne ferraille avec Bruxelles au sujet de l'accord que la banque espagnole BSCH et le groupe portugais d'Antonio Champalimaud veulent conclure. Au nom de l'intérêt supérieur de la nation portugaise, le gouvernement socialiste d'Antonio Guterres s'y oppose. Arguant de la libre concurrence, la Commission de Bruxelles a autorisé l'opération. Mais Lisbonne refuse de se plier à cet avis. L'affaire dépasse le simple cadre de la guéguerre communautaire. Tous les banquiers européens, et toutes les instances de régulation du secteur bancaire, sont sur le qui-vive. Mercredi, Bruxelles a saisi la Cour européenne de justice pour contraindre le Portugal à appliquer ses décisions. Si la Cour donne raison à Bruxelles, les Etats auront beaucoup plus de mal à empêcher des étrangers (européens) de faire leur marché dans leur secteur bancaire. Un affront à la nation. «Cette jurisprudence limitera les mariages franco-franchouillards, s'exclame un banquier du groupe néerlandais ABN-Amro. Si nous avions pu en bénéficier en 1998, nous aurions certainement remporté le CIC.» C'est finalement le Crédit Mutuel, officiellement mieux disant financier et social, qui fut choisi. Pour les pouvoirs publics français ­ mais cela vaudrait aussi pour les Italiens ou les Britanniques ­ céder un grand établissement financier à un étranger met en péril l'intérêt national.

L'