Ne tirez pas sur l'OMC! Tel pourrait être le titre de l'étude
publiée hier par le Conseil d'analyse économique (1). Jusque-là, dans le débat qui s'est ouvert sur les enjeux du prochain cycle de négociations commerciales, seuls les anti-OMC militants proposaient une prose «accessible». L'arrivée du rapport du CAE, plaidoyer étayé pour les négociations multilatérales, comble une absence. Il est cosigné par trois économistes de sensibilités différentes sur la question du libre-échange: Patrick Messerlin, Pierre Jacquet et Laurence Tubiana.
Les trois auteurs, qui présentaient hier leur étude, sont très conscients de l'importance du nouveau cycle de négociations. Ce dernier, à la différence des précédents, ne se borne pas à réduire les barrières douanières mais «porte aussi sur les politiques domestiques, les normes et les valeurs de chaque société». Il est en effet question de traiter de problèmes comme ceux de l'environnement, de la propriété intellectuelle, du brevetage du vivant, de normes sociales, de réforme des services. Et dans ce processus qui s'ouvre, les opinions publiques craignent «la perte de contrôle, par l'engrenage des négociations successives, de l'autonomie des choix sociaux» validés par les Parlements nationaux. Mais, pour les auteurs, un nouveau cycle est indispensable, car, à défaut, les nouveaux problèmes seront résolus «par le jeu de la puissance». «Seule la négociation multilatérale permet de gérer et de maîtriser la mondialisation», plaident-ils. Selon eux