«L'homme le plus puissant du monde», comme on le qualifiait aisément
au plus fort de la crise financière asiatique, part sur un bilan controversé. Après treize ans passés à la tête du Fonds monétaire international (FMI), le Français Michel Camdessus a, lui, le sentiment d'une mission accomplie. Il a su, bravant les critiques et les lourdeurs diplomatiques, boucler avec succès un plan de sauvetage de l'économie mexicaine au début de l'année 1995; il est l'un des architectes des nouveaux mécanismes d'aide aux pays les plus pauvres; il a beaucoup fait pour accroître la transparence de la finance internationale et de son institution" Quant à la crise financière que le monde a vécue depuis 1998, elle est selon lui «terminée». «Instrument». Mais s'il a réussi à imposer la stabilité financière, le FMI est accusé d'avoir aggravé la situation de nombreux pays frappés par cette crise en leur imposant, à contretemps, des politiques monétaire et budgétaire d'austérité. Autre aspect noir du bilan, le FMI n'a pas su éviter les détournements massifs d'argent accordé à la Russie, ce qui, outre-Atlantique, est personnellement reproché à Michel Camdessus. «Il ne faut pas que ma présence empêche le FMI d'évoluer», déclarait-il en octobre au Monde à propos de ces critiques. Lui qui se considérait comme un «instrument» au service de la «communauté humaine» vit manifestement son départ comme un sacrifice.
En janvier 1987, ce moine fonctionnaire, ancien directeur du Trésor (1982-1984), ancien gouve