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Libération

Un médoc soupçonné de mettre de l’huile dans son vin.

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Le service de répression des fraudes enquête sur une pratique destinée à masquer le goût des pesticides.
publié le 10 novembre 1999 à 1h53

Le Château La Cardonne, un cru bourgeois du Médoc, fait actuellement l’objet d’une enquête du service de répression des fraudes à propos d’une éventuelle manipulation de ses vins. Les soupçons des enquêteurs portent sur les millésimes 1993 ­ et peut-être 1994 ­ qui, selon des informations portées à leur connaissance, auraient pu avoir été traités à l’huile d’arachide pour en masquer le goût. Des analyses auraient permis de déceler des traces d’acides entrant dans la composition d’huile végétale. Les enquêteurs auraient aussi dans leur dossier des indications d’achat, apparemment réglé en espèces, de centaines de litres d’huile d’arachide.

Ce mauvais goût que l'on chercherait ainsi à dissimuler proviendrait des traitements pesticides du bois (les polychlorophénols-PCP), des charpentes notamment, qui ont provoqué des dégâts très importants depuis une quinzaine d'années dans le Bordelais (1). Autre hypothèse: une dégradation entraînée par des levures. Ces accidents donnent au vin des arômes de moisi souvent assimilés au «goût de bouchon». Pour les atténuer, après filtrations répétées qui éliminent certaines particules, il est possible de «coller» les vins avec des matières grasses (l'huile par exemple, mais dans le temps ce pouvait être du lait), qui ont la faculté d'emprisonner les arômes et qu'on récupère ensuite. Ces informations ne suscitent aucun démenti de la part de la Direction générale des fraudes, qui se refuse toujours par principe à donner des éléments sur ses enqu