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Libération

Elf et Shell lâchent le Tchad et enflamment N'Djamena. Les autorités s'estiment trahies par Paris.

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publié le 17 novembre 1999 à 1h42

La capitale du Tchad, N'Djamena, a assisté hier à l'une des plus

importantes manifestations ! «officielles»- de son histoire. Plus de 10 000 personnes ont défilé dans la ville, avant de se disperser sur la place de l'Indépendance où plusieurs textes hostiles à la France ont été lus. Le Premier ministre Nassour Ouaddo et plusieurs membres du gouvernement étaient présents. Les manifestants protestaient contre le retrait, annoncé il y a dix jours, de deux groupes pétroliers du projet d'exploitation du pétrole du bassin de Doba, dans le sud du pays. La journée s'est mal terminée: une personne a été tuée et neuf ont été blessées lors de heurts entre forces de l'ordre et des jeunes qui ont attaqué quelques stations services des deux sociétés.

Lundi 8 novembre, lors de la dernière «réunion d'évaluation» du projet, le français Elf et l'anglo-néerlandais Shell ont fait savoir qu'ils s'apprêtaient à retirer leurs billes, menaçant du même coup le rêve national: depuis dix ans, le Tchad, l'un des pays les plus pauvres du monde, espère faire jaillir l'or noir de son sol. Suite à cette annonce, le gouvernement s'est réuni en conseil des ministres extraordinaire pour rédiger un communiqué rageur. «Le caractère brusque de ces décisions laisse penser qu'elles ne sont dictées ni par des raisons économiques ni par des considérations techniques», affirmait-il, accusant les pétroliers de «lâchage». La presse proche du pouvoir a été plus explicite. «Paris jette le masque», a écrit le Progrès, parla