Les cadres battent aujourd'hui le pavé parisien, comme de simples
salariés. Ils manifestent, à l'appel de la CGT, de la CGC et de la CFDT-métallurgie parisienne, pour dénoncer un article de la deuxième loi Aubry sur les 35 heures, qui sera discutée à l'Assemblée le 30 novembre. «Quelque chose d'extrêmement grave et dangereux», s'emporte Jean-Luc Cazettes, le bouillonnant président de la CFE-CGC. La chose, c'est l'article 5 du projet de loi. Il instaure, pour la première fois, la possibilité de décompter le temps de travail des cadres en jours et non plus en heures. Le texte prévoit un forfait de 217 jours travaillés. Mais les syndicats craignent, en contrepartie de jours de congé, un accroissement massif de la durée quotidienne du travail. «Le risque est d'autoriser par la loi les entreprises à faire travailler des salariés treize heures de suite», explique Jean-Luc Cazettes. Resterait, pour les employeurs, la seule obligation légale d'un repos de onze heures entre deux périodes de travail. «Déjà, assure le président du syndicat de cadres, des adhérents m'envoient des contrats de travail modifiés précisant que "votre rémunération est totalement indépendante du temps que vous consacrez à l'accomplissement de votre mission dont vous acceptez les responsabilités et les contraintes.» Mission: le mot qui fâche. Les syndicalistes cauchemardent à l'idée du glissement vers un statut où seule la mission serait prise en compte, quel que soit le temps passé à l'accomplir. Et permettant