C'est un niet ferme et définitif. Christian Sautter, le successeur
de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, n'autorise pas Coca-Cola à racheter Orangina. Hier, la direction de Pernod-Ricard, la maison mère de la petite bouteille ronde, expliquait: «Dans ces conditions, la vente est définitivement compromise.» Après deux ans d'attente, les salariés d'Orangina savent maintenant qu'ils ne passeront pas dans le giron du géant d'Atlanta. Les modifications apportées par Coca-Cola à son premier projet d'acquisition n'ont ni convaincu ni rassuré le Conseil de la concurrence, qui a finalement rendu un avis négatif sur ce dossier. En septembre 1998, les autorités françaises avaient estimé que l'offre de Coca-Cola faussait le jeu de la concurrence sur le marché français des boissons gazeuses non alcoolisées, dans les circuits hors domicile, c'est-à-dire ceux des cafés, restaurants, hôtels, parcs de loisirs, hôpitaux. Après une première proposition de 5 milliards de francs pour Orangina en décembre 1997, Coca-Cola avait révisé sa copie afin de répondre aux inquiétudes françaises. Son second projet revoyait légèrement à la baisse le prix de cession d'Orangina (4,7 milliards de francs) mais prévoyait que sa distribution dans la totalité du secteur hors domicile serait prise en charge pour une durée de dix ans par Pampryl, filiale à 100% de Pernod-Ricard. En changeant le mode de distribution, Coca-Cola espérait dissiper la menace «monopolistique» que la firme américaine inspire un peu partout.