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Libération
Interview

La toute puissance de France Télécom face à l'ouverture du marché des télécommunications. Olivier Bomsel, spécialiste en économie numérique: «L'Internet est la vache à lait de l'opérateur».

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publié le 26 novembre 1999 à 1h33

Olivier Bomsel est directeur adjoint du Cerna, le Centre de

recherches en économie industrielle de l'Ecole des Mines. Il a mené avec son équipe différentes recherches sur l'économie numérique et particulièrement sur les enjeux de l'accès à la boucle locale (1). Les recherches en économie numérique du Cerna sont en partie financées par l'Afopt, l'Association française des opérateurs privés en télécommunications.

Vous dénoncez l'absence de concurrence dans les télécommunications en France. Pourtant, les opérateurs n'ont jamais été aussi nombreux sur le marché de l'Internet. Chaque minute de surf passée sur l'Internet fait tomber 10 centimes dans les caisses de France Télécom que le fournisseur soit Wanadoo ou l'un de ses concurrents. Cela fait 6 francs de l'heure. C'est à cette hauteur qu'a été fixé le tarif de l'interconnexion, c'est-à-dire la somme que perçoit France Télécom pour acheminer la connexion sur le fil de cuivre qui relie le téléphone de l'usager au commutateur de France Télécom. C'est une sorte d'octroi qu'acquitte chaque internaute à l'opérateur historique pour l'usage de l'Internet. Sur le marché grand public de l'Internet, France Télécom est dans une position de monopole extravagante. Pour un parc de 2,8 millions d'abonnés (décembre 1998), surfant en moyenne 75 heures par mois en usage professionnel et 13 heures en résidentiel, et en tenant compte d'une pondération heures creuses/heures pleines qui situe le reversement à France Télécom à 13 centimes hors taxe