Du centre des Congrès à l'hôtel, il y a 200 mètres à tout casser. En
ligne droite, par la 7e avenue. Mais ce soir, couvre-feu oblige, il faudra une bonne demi-heure. En sortant de la «bulle», le Convention center, surprise: le silence. Les cris, les chants se sont éteints, seul reste le bruit des hélicos. Les rues sont désertes. Du verre pilé sur les trottoirs, des slogans abandonnés sur place, une chaussure. Plus loin, premier arrêt: une vingtaine de patrouilleurs, bardés de gadgets anti-émeutes, Robocops d'un jour. Ils portent une sorte de carapace de tortue, comme s'ils se moquaient des manifestants écologistes qui défendaient ces bestioles, ici même, quelques heures plus tôt. «Désolé, vous ne pouvez pas passer par là», dit le chef. On demande une suggestion d'itinéraire. «Désolé, nous n'avons pas le temps de répondre aux questions.» On part donc en sens inverse, dos à l'hôtel. Puis on tente sa chance en revenant par la 6e avenue. Cette fois, c'est une rangée de chevaux qui bloque la rue. On tente de se faufiler en évitant le crottin. Un énorme cheval s'interpose. Au-dessus, une créature casqué, visière et masque à gaz. Désolé, dit la voix à travers le masque (c'est celle de Dark Vador). «Mais mon hôtel"» «Pour votre sécurité, je ne peux vous laisser passer, faites le grand tour.» «Mais il est juste là.» «Vous les voyez? (il montre une grappe de manifestants de l'autre côté du carrefour). Ce sont eux qui ont cassé ces vitrines. Ils sont dangereux.» On insiste un peu, exp