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Libération

L'entreprise nordiste présente aujourd'hui son plan social. La colère des enfants de La Lainière.

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publié le 10 décembre 1999 à 2h05

Roubaix, envoyé spécial.

«Mon frère aîné a été licencié pour longue maladie, le deuxième est parti en FNE, le troisième a quitté l'entreprise avec les chaussettes Stem, puis l'une de mes soeurs est partie d'elle-même, Brigitte a été licenciée avec le plan social de 1989, la femme de mon frère Charles, qu'il a connue ici, est partie avec la laine Pingouin" Je ne sais plus quand est partie ma soeur Françoise, qui était présente lors de la visite de la reine d'Angleterre en 1957.» Noël (il est né un 25 décembre), fils de mineur «en invalidité», se compte onze frères et soeurs. «Ils ont tous travaillé à un moment ou à un autre à la Lainière.» De la fratrie, il ne reste, à la Lainière de Roubaix, que lui-même et son frère Charles. Ils ont 53 et 49 ans. La famille Cauchy, c'est, en raccourci, l'histoire de la grande dame du Nord, jusqu'à la déchéance finale.

«Match» et Eddy. La Lainière était, dans les années 60, une entreprise textile modèle, employant 6 000 salariés, que la France faisait découvrir lors des visites d'Etat. Outre Elisabeth II et son consort Philip, Nikita Khrouchtchev eut les honneurs de ce fleuron du groupe de Jean Prouvost. A l'époque, les ouvrières pouvaient relire la visite dans Paris-Match, autre propriété de Prouvost, puis écouter les Chaussettes noires, le groupe rock des débuts d'Eddy Mitchell, sponsorisé par l'entreprise (les chaussettes étaient en laine"). Elles tricotaient des pulls à base de pelotes Pingouin. Et le fil de la Lainière, tissé par les usin