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Libération

La grande odyssée marketing du petit roquefort. Comment, à Seattle, José Bové s'est fait le VRP du fromage persillé.

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publié le 11 décembre 1999 à 2h03

Qui aurait cru qu'un fromage persillé (1) puisse un jour servir

d'étendard aux opposants à la mondialisation des goûts et des couleurs? Et qu'un José Bové moustachu, venu des hauts plateaux, ferait déguster aux sympathisants américains la moisissure noble de nos pâtes affinées? Du côté de l'Etat de Washington, au nord-ouest des Etats-Unis, l'opération «fromage de brebis vs Big Mac» fut en tout cas remarquable. Ou remarquablement menée. Jamais, en effet, et ce ne sont pas les tenants du site américain baptisé «roquefortlovers.com» en lutte contre les mesures iniques infligées à la croûte flamboyante qui nous contrediront, on n'a autant vu ni entendu parler du José et de son fromage, meule désormais aussi emblématique que l'homme qui la tenait à bout de bras. Un retour sur investissement marketing s'impose. Quelques jours après la fin de la grande semaine commerciale de Seattle.

Valises odorantes. «J'ai 66 ans, je me suis bagarré toute ma vie et je fais toujours ce que je crois devoir faire.» Accent de rocaille, fraternité sans faille, c'est donc Pierre Laur, affineur de la maison Coulet, qui a offert à José Bové, ami irréductible descendu de son Larzac, deux quintaux et quelques de sa belle production. Uniquement destinés à l'exportation transatlantique. L'histoire du fret aérien se rappellera que l'idée est née au sein de la branche aveyronnaise de la Confédération paysanne, et qu'un jour de fin novembre dix pains (c'est le terme employé pour les meules de roquefort) ont vo