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Libération

La Française des jeux ne fait pas que des heureux. Risque de liquidation judiciaire à l'ISB de Montreuil-sous-Bois, qui imprime les tickets à gratter.

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publié le 14 décembre 1999 à 2h01

Ils sont soixante-quatorze imprimeurs coincés dans Mozinor, le grand

hôtel industriel de Montreuil-sous-Bois (93). Depuis le 8 novembre, les machines sont à l'arrêt. Et les salariés de l'Imprimerie spéciale de banque (ISB) sont suspendus au verdict du ministère du Budget. Car l'ISB, fondée en 1927, spécialisée à l'origine dans l'impression des actions et des obligations, a le malheur d'imprimer les petits cartons à gratter de la Française des jeux: Black Jack, Banco, Morpion et autres Astro. La Française des jeux est son client unique. Une faiblesse qui a failli lui coûter la vie une première fois en 1990. France Loto (l'ancêtre de la Française des jeux) confie alors l'impression de ses billets à un concurrent. Qui installe une imprimerie toute neuve à Puy-Guillaume, ville dont Michel Charasse, alors ministre du Budget, est maire" «On a été sauvé par l'effondrement de l'URSS, se souvient Pierre Stab, secrétaire du CE (CGT). On a imprimé les billets de banque ukrainiens, puisque Kiev ne voulait plus utiliser le rouble.» Mais le karbovanetz n'a qu'un temps. Depuis, l'ISB a récupéré une partie (30%) du contrat de la Française des jeux. Elle est surtout devenue la filiale d'un groupe canadien, Polar Banknote. Avec 22 licenciements et une baisse des salaires de 13%. La partie la plus technique de l'impression des Banco, qui permet d'inscrire des numéros (ou des symboles) aléatoires par jet d'encre, est réalisée à Winnipeg (Manitoba), puis les planches sont renvoyées en France. A M