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Libération
Enquête

Voleurs de plantes.

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GRAND ANGLE. La Bolivie se bat contre le pillage biologique. A la recherche de nouvelles molécules , des scientifiques étrangers n'hésitent pas à soutirer aux chamans leurs secrets ancestraux de guérisseurs pour ensuite déposer des brevets pharmaceutiques.
publié le 15 décembre 1999 à 1h58
(mis à jour le 15 décembre 1999 à 1h58)

Dans les paniers de don Miguel Cuellar, il y a d'insoupçonnables trésors. Ecorce de cuchi, graisse de tigre, graisse de chèvre. Trois ingrédients qu'il mélange pour obtenir une pommade cicatrisante. Et des feuilles séchées, des champignons, des bulbes et des racines" Pour bénéficier de ses soins, les malades viennent de plusieurs centaines de kilomètres alentour. Il a établi son laboratoire dans cette baraque en torchis où se côtoient magie et chimie de tout un arsenal de plantes médicinales et de graisses animales. La pharmacopée traditionnelle. C'est ici, dans la région d'Izozog, à l'est de la Bolivie, que ses ancêtres guaranis ont cultivé un savoir unique. Qu'ils ont gravi les sentiers escarpés à la recherche de drogues souveraines. «J'avais 5 ans lorsque mon oncle a décidé de me transmettre sa connaissance médicinale des plantes, dit don Miguel. Pendant quinze ans il m'a tout expliqué, tout appris.» La soixantaine, le visage carré, don Miguel est aujourd'hui l'un des chamans les plus réputés de Bolivie. Et se sent menacé, comme tous les chamans des trente-sept communautés indigènes de Bolivie. Don Miguel redoute le pillage par les laboratoires des pays riches. «Des représentants de sociétés étrangères sont venus ici plusieurs fois. Ils voulaient savoir comment j'utilise mes plantes pour soigner mes malades. J'ai parlé franchement. J'ai donné beaucoup de mes secrets.» Qu'a-t-il eu en échange? A peine un merci: «Maintenant nous n'avons plus besoin de toi, nous avons les pl