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A 16 jours de l'an 2000. Le livre des apocalypses. L'historien roumain Eugen Weber retrace des siècles de croyances en la fin des temps.

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publié le 16 décembre 1999 à 1h58

Pour paradoxal que cela puisse paraître, les hommes n'ont pas

souvent connu la fin de siècle. A part nous, une seule autre fois, il y a cent ans, pour la raison, simple mais largement suffisante, qu'avant on ne comptait pas vraiment le temps historique, en tout cas pas avec le siècle: cette unité de mesure s'affirme après la Révolution française et l'introduction du système décimal. Le mot siècle existait au sens de génération (le siècle de Louis XIV), d'une suite sans fin (in secula seculorum) ou encore de société civile par opposition à l'état ecclésiastique (mépriser, quitter le siècle). Mais, si l'histoire de la fin du siècle ne fait que commencer, celle de la fin du temps, elle, est aussi vieille que le monde, surtout judéo-chrétien. C'est cette histoire d'une humanité trouvant sa raison de vivre en l'espoir de trépasser au plus vite qu'esquisse Eugen Weber dans Apocalypses et millénarismes. Né en Roumanie en 1925, élevé en Angleterre, séjournant souvent en France, professeur à l'université de Californie à Los Angeles, Eugen Weber est un spécialiste de l'histoire des mentalités, dont Fayard a publié, entre autres, l'Action française (1985) ou la France des années 30 (1995).

On a pris l'habitude de confondre mouvements apocalyptiques et sectes millénaristes qui, en principe, n'attendent pas la même chose. La Bible regorge de prophètes menaçant des pires malheurs le peuple élu vautré dans le vice et la méchanceté. L'Apocalypse de Jean reprend ce thème mais en fait un passag