On peut y percevoir une métaphore de ces fables très fin de siècle
ou très soif de demain. Y humer le terrifiant marketing «millenium à tout prix», le retour plus ou moins circonstancié vers la vérité écologique, le désir de la connexion forcenée à l'Internet, le petit côté «produit rare donc cher» qui fait saliver le connaisseur, le collectionneur; voire le buveur de bière. Car hier, à l'heure où les icebergs continuent à fondre, était présentée la bière la plus chère du monde.
Car il s'agit bel et bien d'une affaire de gentlemen. Brasseurs. Et d'un glacionaute. Un peu frappé. En voilà l'énoncé: les brasseries Fischer, à Schiltigheim, en Alsace, reçoivent un jour la visite de Janot Lamberton, un spéléologue polaire qui a pour habitude de plonger dans la glace du côté du Groenland et d'en rapporter expériences et contacts pour de bonnes maisons, dont la Nasa. Janot, au détour d'une cuve, en vient à discuter avec les fabricants de mousse qui lui expliquent alors le principe: plus l'eau est pure, plus le breuvage est goûtu. Le sang de l'explorateur glaciaire ne fait qu'un tour. De l'eau vierge, il en connaît, dans le Groenland; de la glace qui date, qui ne fait certes pas ses 500 000 ans, mais qui n'a connu ni la pollution, les gaz, l'ozone ou les mazouts et qui ne demande qu'à être réchauffée. Il suffirait d'en tirer quelques tonnes, de les transformer en eau distillée, déminéralisée, «une eau qui n'a jamais existé», et qui fait rêver Marc Arbogast, PDG de la brasserie. Nom: 6