Les banques françaises n'ont pas leur pareil pour battre les cartes,
les couper et les distribuer, voire les redistribuer. Il y a encore un an, poussées par le grand vent de la mondialisation, trois banques généralistes (la BNP, la Société générale, le Crédit Lyonnais) et une banque d'affaires (Paribas) s'échinaient à former des paires ou des brelans. Paribas devait s'allier au Crédit Lyonnais. Mais elle choisit d'épouser la Société générale pour finalement se retrouver dans le lit de la BNP. Privé de son atout, le Crédit Lyonnais dut se rabattre sur le Crédit Agricole pour structurer son noyau de privatisation. Et la Société générale se retrouva sur le carreau avec comme unique perspective de bricoler quelques partenariats. Dans son édition du 18 octobre, Libération évoquait les prémisses du «flirt des esseulés». Le Crédit Lyonnais avec la Société générale? «Pure fiction bancaire, raillait-on alors dans les milieux financiers. Il n'y a pas l'ombre d'un soupçon de discussions entre les deux banques.»
Hasard. Hier la fiction a rejoint la réalité. La Société générale a annoncé qu'elle avait acquis 3,8% du Crédit Lyonnais. Ces dernières semaines, Daniel Bouton, le patron de la Société générale, et Jean Peyrelevade, le président du Crédit Lyonnais, ont eu l'occasion de se croiser à plusieurs reprises dans des dîners en ville. Daniel Bouton a pu s'apercevoir que le patron du Lyonnais n'était pas hostile à une entrée de la Générale dans son capital. Mais pas tout de suite. Seulement