Franschoek (Afrique du Sud), envoyée spéciale.
A l'extrême pointe australe du continent africain, il existe une petite vallée où chaque président français se doit de faire un pèlerinage. François Mitterrand s'y est rendu en 1994, Jacques Chirac trois ans plus tard. Le nom de cette enclave du bout du monde justifie à lui seul le détour: Franschoek, «le coin français». En 1688, 300 huguenots français s'y installent fuyant l'intolérance religieuse de l'Europe. Dans leurs bagages, ils apportent le vin, qui fait aujourd'hui encore la fortune de cette vallée située à une heure du Cap. La plupart des grands domaines viticoles ont conservé leurs noms d'origine: Plaisir du merle, Chamonix, la Provence, la Bourgogne. La fin des sanctions contre l'Afrique du Sud a dopé les exportations de vin. Entre 1992 et 1998, les ventes à l'export ont été multipliées par huit, passant de 20 à plus de 116 millions de litres.
Usurpation. Mais l'ouverture n'a pas que des avantages. Les vins Haute-Provence en feront l'expérience. En 1997, la France leur intente un procès pour usurpation d'identité. Qu'elle perd. «On pensait que l'affaire était réglée, et puis, début 1999, voilà que l'Europe nous ferme soudain les portes. Plus moyen d'exporter du vin sous le label Haute-Provence, considéré comme appartenant à la France», rappelle Germain Lehodey, lui-même français expatrié en Afrique du Sud.
Ancien de la Tour d'argent à Paris, Germain est aujourd'hui le président de l'association des sommeliers sud-africa