Peut-être aurait-on préféré faire briller les enjoliveurs de la
Mégane, rouler dans le sous-bois en roller ou faire les bouquinistes pour finir sa collec de Akim. Mais c'est sans doute la période qui veut ça. Un millénaire se profile, des lendemains chantent, des envies de bien finir le siècle émergent soudain. Alors, forcément, on se laisse piéger avec délice par l'ouverture dominicale des grands magasins, promue désormais comme une ultime innovation.
Parking. Hier, donc, l'avenir appartenait définitivement à ceux qui se levaient tôt. Et qui arrivaient les premiers à l'hypermarché. L'audace matinale n'a pas que des inconvénients. Du moins pour les places de parking. Elles sont libres, nul besoin de squatter, au plus près des portes d'entrée du centre commercial, les emplacements réservés aux handicapés. Pas de honte non plus en sortant, lorsque l'on se souvient qu'il a fallu parfois déchirer, devant des badauds ricaneurs ou des humains choqués, les affichettes collées sur les vitres et le pare-brise de l'auto: «Vous prenez leur place, prenez aussi leur handicap.» Cela dit, on a les satisfactions citoyennes que l'on mérite, et il est bien temps de mettre sa pièce de 10 F dans le chariot.
8 h 50. Nous sommes une dizaine à stagner devant le rideau de fer du Carrefour. Un vigile courtois mais barbichu appuie d'un geste nonchalant sur le bouton qui libère les chaînes. La trame de métal monte en un roulement grinçant, personne ne bouge. Bien dressés. Dix minutes plus tard, d'un gest