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La grande bouffe numérique.

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publié le 23 décembre 1999 à 2h20

Au diable l'avarice, donc. Aujourd'hui, il s'agit enfin d'être

prodigue. Comme les autres. Serait-ce le soleil de décembre, les mains qui gèlent dans les poches vides? Tout soudain, une soif compulsive d'achats, une envie frénétique de taper son code de CB comme on tambourine à la porte de la consommation. Le compte est tout rouge à la banque, mais on nous répète tant que tous les autres indicateurs sont au vert qu'il ne faut plus perdre une seconde. Que ce serait trop con. L'argent est si facile, l'endettement si favorable avec ses petits taux gentils. Rayon bijouterie du Carrefour Bercy II, hier vers midi. Pas tant de monde que ça. Jeunes vendeuses. «Alors, comment ça se passe, niveau conso des ménages?» «Je suis pas là depuis assez longtemps», minaude la douce; «moi, je ne peux pas répondre, il faut voir avec le responsable, monsieur Guillet, au poste 44, mais il n'est pas là aujourd'hui», renchérit l'ancienne. Mince, pas de chiffre d'audience, pas de cliente autour du rayon. Nous ne nous attarderons guère, juste le temps d'acheter une gourmette en argent (450 francs) sur laquelle on fera sans doute graver «vive l'an 2000». En se disant que ça fera toujours un début d'héritage pour l'aîné. On passe l'alimentaire, nous y reviendrons demain pour acheter quelques coquilles d'huître, on prend l'escalator mou qui nous monte au paradis de l'audio, de la vidéo et des, comme on dit, «nouvelles technologies». C'est en effet le boom du lecteur DVD, nous susurre la presse, c'est ce