L'homme, qu'il porte moustache ou non, a toujours entretenu
d'étranges relations avec l'huître. Rapport à son ouverture s'entend. Jérôme n'est pas marin, mais «vendeur de poisson» à Carrefour. Et il estime qu'il y a eu gourance entre le client et lui. Un va-de-l'avant aux fortes bacchantes lui a demandé de forcer quelques coquillages au couteau. Le jeune homme, bottes en plastique blanc, tablier bleu, n'a pas compris. Gentiment, il a proposé de lui faire goûter une spéciale. L'autre l'a repris: «Non, je veux que vous m'en ouvriez 48.» Impossible, évidemment: «Vous comprenez, moi ici, j'en ai deux tonnes, et si je devais toutes les ouvrir"»
C'est bien là le paradoxe de l'homme et du mollusque. Amour du contenu/haine du contenant, d'où ces doigts qui saignent trop souvent; et cette grosse difficulté à s'entendre, même pendant les mois en «r». Ce que confirme Daniel Pereira, animateur sur le stand Marée du Carrefour d'Ivry, rencontré hier en pleine effervescence ostréicole. «Oui, regardez, on propose des huîtres qui s'ouvrent facilement, vous faites sautez le bouchon de cire, vous mettez la pointe du couteau et hop.» Hop effectivement et goût bien salé, c'est de la Marennes-Oléron qui se laisse avaler sans gémir.
Daniel précise que celles-ci ne se vendent pourtant guère, et que leurs cousines, qu'un temps on put même ouvrir avec une sorte de fil métallique, eurent encore moins de succès, «le taux de mortalité était trop élevé». De l'huître? Bien sûr, petit crétin.
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