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Libération

Comment l'OMC digère Seattle. Désarrois du monde.A Genève, au siège de l'Organisation mondiale du commerce, on tente de comprendre le fiasco de Seattle et de réformer l'institution"" voire de la sauver. Enquête.

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publié le 27 décembre 1999 à 2h18

Genève envoyé spécial

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) avait débarqué fin novembre à Seattle avec un objectif: faire avancer la libéralisation des échanges. Elle est revenue à son siège genevois avec une obligation: se réformer. Vite et fort. Un mois après le fiasco de Seattle, son porte-parole, Keith Rockwell, affiche optimisme et décontraction: «Voyez, vous êtes dans l'antre du diable. Il n'y a pas d'hydre qui nous protège. Pas même un seul garde. On est ouvert.» Le ton a du mal à masquer l'ampleur de la crise. Depuis le 3 décembre, l'OMC parle beaucoup d'«ouverture». Créée en 1994 pour lever les obstacles qui jugulent le commerce mondial, l'institution intergouvermentale essuie un tir de barrage nourri, des libéraux comme des radicaux. Vilipendée comme «chien de garde des puissants», brocardée pour sa «commercialisation de l'humanité» ou fustigée pour sa culture «du complot et du secret», elle se cherche. «Ce n'est pas la fin du monde, sourit Andrew Stoler, un des quatre adjoints du président Mike Moore. Ce n'est pas la première fois qu'une conférence interministérielle avorte.» Reste à savoir pourquoi et comment le sommet s'est transformé en trou noir. Au bord du lac Léman, les tentatives d'explication ne manquent pas. L'OMC serait, au choix, un «bouc émissaire facile», l'«exutoire rêvé» ou le «symbole évident» de la douleur du monde. Même si, concède Rockwell, «les questions posées par les manifestants étaient bonnes». Avant de se raidir: «Mais résoudre les