Les opérateurs de téléphone mobile sont de sacrés alchimistes. Plus
le service est bradé et plus l'abonné vaut de l'or. Ce Noël, les opérateurs ont franchi le mur du son. Communications gratuites et illimitées le week-end, mobiles à 1 franc, avec en prime, pour les 2,5 millions de veinards qui se sont abonnés en décembre, deux mois d'abonnement cadeau" Pourtant, ces clients de moins en moins rentables valent, aux yeux du marché, de plus en plus d'argent. Au cours du jour, l'abonné au téléphone mobile est ainsi évalué autour de 60 000 francs.
Cette «valorisation» est devenue l'aune à laquelle un prédateur fixe le prix de l'opérateur qu'il veut croquer. L'année 1999 aura crevé tous les plafonds. Au premier semestre, l'abonné s'appréciait entre 13 000 et 26 000 francs, «un chiffre, argumente Didier Pouillot, consultant à l'Idate, un institut spécialisé dans les télécommunications, que nous avons calculé sur une dizaine d'opérations». Puis, cet été, tout s'est emballé. En août, lorsque France Télécom jette son dévolu sur E-Plus, il est prêt à «payer» l'abonné 23 000 F. Un mois plus tard, le cours a encore grimpé. Pour la seconde brassée de titres (ceux de Veba-RWE) qu'il convoite, l'opérateur public met sur la table 26 000 F par abonné. Quand, en octobre, l'allemand Mannesmann se jette sur Orange, le «cours» progresse à 52 000 F. Un mois plus tard, l'OPA du britannique Vodafone sur Mannesmann (pour la bagatelle de 870 milliards de francs) repousse encore le seuil. C'était juste