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Libération

En 1991, un accord Bruxelles-Tokyo visant à libéraliser par étapes le marché automobile d'ici au 1er janvier 2000 créait la panique. Pourquoi le Japon n'a pas roulé sur l'Europe

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publié le 28 décembre 1999 à 2h18

Bruxelles (UE) de notre correspondant

En ce 26 juillet 1991, Jacques Delors est, pour les protectionnistes de tout poil, l'incarnation du Colonel Olrik, ce traître de bande dessinée qui dans le Secret de l'Espadon aide l'«Empire jaune» à conquérir le monde. Le président de la Commission européenne ne vient-il pas de signer un accord avec le Japon qui vise à libéraliser progressivement les échanges dans le domaine automobile pour aboutir à la suppression de toutes les barrières le 1er janvier 2000?

L'empire du Soleil-Levant est au faîte de sa puissance: il a emporté 19% du marché européen en 1990. Et un tiers environ du marché américain. Les Cassandres prévoient le pire: «Cet accord est détestable», clame Jacques Calvet, le patron de Peugeot-Citroën, à la pointe du combat. «Il aura pour conséquence des dizaines de milliers de licenciements chez les constructeurs et leurs fournisseurs européens. Il entraînera à terme un abaissement du niveau de vie en Europe, un affaiblissement de sa technologie, de son indépendance économique et même de sa souveraineté politique.» Les médias, eux, ne reculent pas non plus devant l'image guerrière même s'ils restent prudents sur le fond: «L'industrie automobile japonaise prépare son débarquement en Europe», «la CEE prise au piège du Japon?», etc. Pari risqué. Neuf ans plus tard, le cataclysme n'a pas eu lieu. Bien au contraire. Non seulement la pénétration japonaise dans l'Union européenne a été stoppée mais ce sont désormais des constructeurs