L'euro a un an. Lancé à Bruxelles le 31 décembre 1998, il s'est
substitué, sans heurt, aux onze monnaies de l'Eurolande à minuit précis. A New York, où le marché des changes n'était pas encore fermé, compte tenu du décalage horaire, il est passé, face au dollar, de 1,1665 à 1,1720. Depuis, qui s'intéresse encore à la monnaie unique? Certes, les spécialistes commentent sa baisse presque continue face à la monnaie américaine (-17% en un an), la parité ayant même été franchie quelques instants le 2 décembre. Mais cela n'a guère ému les opinions publiques. Même en Allemagne où le mark fort était considéré comme une donnée de base de la vie économique. L'euro faible est même plutôt vécu, pour l'instant, comme une bénédiction puisqu'il dope les exportations européennes et soutient donc l'activité économique (une baisse de 10% entraînerait une hausse d'un demi-point de la croissance). Les risques d'importer de l'inflation (les importations sont rendues plus onéreuses, ce qui pèse sur l'indice des prix) sont limités, les échanges hors zone euro ne dépassant pas 13%" La monnaie unique vit donc sa vie loin des feux de la rampe. «Les politiques heureuses n'ont pas d'histoire», reconnaît-on à Bercy. L'Eurolande, du fait de son importance économique et financière, n'a plus à se préoccuper de sa monnaie. Les crises asiatique et russe ont certes ralenti la croissance en 1999, mais on peut imaginer le marasme monétaire qu'aurait connu l'économie européenne sans le bouclier de la monnaie u