Pour un changement de culture, c'est un changement de culture. Pour
fêter sa quasi-privatisation et le passage au XXIe siècle, les Caisses d'épargne n'ont pas choisi de rénover le logo du célèbre écureuil. Elles lui ont préféré Largo Winch, l'aventurier milliardaire au menton carré et au front volontaire, héros des BD de Jean Van Hamme et Philippe Francq, et le Chat de Philippe Geluck. Sans doute une métaphore involontaire: le nouveau tandem qui dirige les Caisses d'épargne est tout aussi détonnant.
Il y a Charles Milhaud d'abord, 57 ans, porté à la tête du groupe l'hiver dernier. Une première. Pour une fois on ne nommait pas un politique, lié d'une manière ou d'une autre à la Caisse des dépôts. Mais un homme du réseau, un vrai. Charles Milhaud a fait toute sa carrière chez l'Ecureuil. A 24 ans, il est bombardé chef du bureau de Sète, avant de rejoindre Marseille, où il se découvre une fibre réformiste. Il a gardé cette pointe d'accent qui lui fait dire: «Garder ses racines, ce n'est pas abandonner la modernité.»
Préserver les missions sociales de l'Ecureuil, c'est bien joli. Mais répondre aux critères modernes de rentabilité, c'est encore mieux. En septembre 1999, Charles Milhaud envoie un signal sans équivoque en choisissant comme directeur général Philippe Wahl, 43 ans. Membre du comité exécutif de Paribas, Philippe Wahl, très impliqué dans le projet SG-Paribas, n'a pas voulu d'un strapontin dans le nouvel ensemble BNP-Paribas qui est finalement sorti de l'urne, après six mo