Les frontières françaises risquent d'être bloquées aujourd'hui par
les patrons du transport routier en France. Ils protestent contre le projet gouvernemental sur la durée hebdomadaire de travail, qui mécontente également, pour des raisons inverses, les syndicats des chauffeurs routiers (Libération des 8-9 janvier).
Heureux chauffeurs routiers! La loi Aubry sur la réduction du temps de travail pourrait bien leur faire découvrir les" 39 heures. C'est ce qui figure dans le projet de décret, adaptant la loi toute récente aux spécificités du transport routier de marchandises, et transmis aux partenaires sociaux. C'est ce que les services des ministres Jean-Claude Gayssot (Transport) et Martine Aubry (Emploi et Solidarité) ont imaginé pour résoudre l'imbroglio des routiers. En gros, on comptera les heures supplémentaires à partir de la 39e heure, contre la 35e pour le vulgum salarius. De même le «repos compensateur» se déclenchera à la 45e heure contre la 41e pour les autres salariés.
Le plus ironique, dans ce projet de décret, est sans aucun doute le sort réservé au «double équipage». Si deux conducteurs sont à bord, celui qui ne conduit pas est censé pouvoir «vaquer librement à ses occupations» (et donc ne pas travailler) pendant la moitié du temps de transport. Vaquer dans une cabine de camion? Le tout permettrait de pratiquer des horaires maxima, dont le caractère «réduit» échappe à l'observateur: 56 heures par semaine ou 220 heures par mois.
Évidemment, ce projet de décret, desti