«La prise de contrôle de Time Warner par AOL est un événement
majeur. Car elle illustre un changement radical dans les règles du jeu concurrentiel. Avant, on connaissait ses concurrents. Ils jouaient sur le même terrain, avec les mêmes règles, les mêmes armes. Aujourd'hui, ils peuvent venir de n'importe où. Ils surviennent par des voies qu'on ne connaît pas. Cela déstabilise le marché. Les entreprises sont déboussolées. Car si on connaît bien les pratiques de la concurrence, on connaît beaucoup moins bien celle de la «contestabilité». C'est en effet le mot qui convient le mieux à cette nouvelle configuration. Or, aujourd'hui, la contestabilité nous guette tous, quels que soient les secteurs. Il n'y en a pas un qui échappe à ça. Aux chefs d'entreprise, je serai tenter de dire: «Votre concurrent de toujours, vous le connaissez; celui qui est dangereux, c'est celui que vous ne connaissez pas, qui ne joue pas sur le même terrain et avec les mêmes règles que vous. Regardez ceux que vous ne voyez pas.»
La technologie est le vecteur de cette contestabilité. C'est celui qui la domine qui bouffe l'autre. Regardez Nokia. A peine connue du grand public il y a quelques années, cette entreprise finlandaise est aujourd'hui la première capitalisation boursière en Europe. Regardez Vodafone qui cherche à prendre le contrôle de Mannesmann. C'est le jeune qui mange le vieux. Il faut commenter ce type d'événements; C'est nécessaire, car ils sont l'illustration des transformations économiques.».
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