C'est un peu comme si on poussait les portes d'une entreprise sans y
être invité, pour y découvrir ce que l'on ne voit jamais: l'intimité d'un bureau, ses rivalités, ses luttes de pouvoir, ses histoires d'ordre sexuel. Hier, au tribunal correctionnel de Versailles, comparaissait un cadre supérieur de la société Fichet et Bosch pour harcèlement sexuel. Face à lui, celle qui l'accuse: une jeune femme d'origine asiatique, ingénieur commercial de formation. Tout les oppose. Lui, M.C., truculent et bavard, 57 ans dont plus de trente dans la même entreprise: un autodidacte qui a gravi un à un les échelons pour arriver au poste de directeur export. Elle, W.P., fine et discrète, volontaire et ambitieuse, 33 ans, cadre diplômée d'une haute école de commerce en Chine, parlant plusieurs langues dont le chinois, le français et l'anglais.
Comme souvent dans les affaires de harcèlement, pas de témoin. Surtout quand les faits se passent à l'étranger. Embauchée en 1997 pour développer l'export en Chine, W.P. est amenée à voyager souvent. Lors du premier voyage, M.C., son supérieur hiérarchique, l'accompagne. «Dans la chambre d'hôtel, il a tenté de m'embrasser. J'ai voulu ouvrir la porte, il l'a refermée et a mis la chaîne de sécurité. Il m'a poussée sur le lit, m'a tiré les cheveux.» Elle s'arrête, reprend, des larmes dans la voix: «Il m'a touchée partout, mon ventre, mon sexe.» M.C. lui fait comprendre que si elle ne devient pas sa maîtresse, il peut la licencier. Premier épisode d'un harc