Londres de notre correspondant
En annonçant hier leur alliance, Glaxo et SmithKline, les deux grands groupes de la pharmacie britannique, ont créé non seulement le numéro un mondial du secteur, mais aussi la première entreprise du pays. Avec une capitalisation boursière de 108 milliards de livres (11 milliards de francs), et un chiffre d'affaires de 25 milliards d'euros (150 milliards de francs), ce nouveau géant détrône en effet BP Amocco. Cette opération (qui prendra la forme d'une OPE de Glaxo Wellcome sur SmithKline Beecham), confirme la poursuite de la course au gigantisme dans la pharmacie. Le britannique Zeneca vient de s'unir au suédois Astra, le français Rhône-Poulenc à l'allemand Hoechst pour former Aventis, et l'on annonce déjà la fusion entre les deux américains Pfizer et Warner Lambert.
Bien accueillie par la City, l'annonce fait des vagues chez les syndicats inquiets du tropisme américain du nouvel ensemble. Le groupe, qui s'appellera Glaxo SmithKline, sera géré depuis les Etats-Unis par un Américain d'origine française, Jean-Pierre Garnier, un homme de SmithKline Beecham. Et les 110 000 employés du groupe redoutent des transferts d'emplois et d'activités vers les Etats-Unis, premier marché mondial.
La nouvelle entité espère réaliser des économies dépassant 1 milliard de dollars et près de 15 000 emplois sont menacés. Le syndicat de branche, le Manufacturing, Science and Finance Union, a dénoncé cette fusion, constatant que «le personnel a été complètement ignoré»