Trois fusions, trois n° 1 mondiaux en deux mois: Rhône-Poulenc et
Hoechst (Aventis), puis Pfizer avec Warner-Lambert, enfin, hier, Glaxo-Wellcome et SmithKline-Beecham. Et après? Quel sera à long terme l'impact de la logique de concentration accélérée de l'industrie pharmaceutique?
En théorie, plus d'argent dégagé, donc plus de recherche, donc plus de médicaments. «Plus de craintes», dit Bernard Pécoul, chef de la campagne de Médecins sans frontières sur «l'accès aux médicaments». «Cela va encore accentuer le fossé entre les riches et pauvres du Nord, et pays riches et les pays pauvres», assure Pécoul. Il cite une étude, tombée hier: «En 2002, Amérique du Nord, Japon et Europe (soit 12% de la population) trusteront 78% de la consommation mondiale de médicaments. Et les inégalités s'accroîtront.» «Cette course à la fusion ne fait qu'exacerber nos angoisses, ajoute Gilles Brucker, vice-président du haut comité de la santé publique de France. Elle montre la contradiction d'intérêts entre les politiques de santé publique et les logiques commerciales. Or, la santé publique n'est justement pas commercialisable.» Les besoins des pays pauvres ne sont pas forcément ceux des labos des pays riches. «En vingt-cinq ans, dit Pécoul, sur 1 300 médicaments lancés sur le marché, 11 concernaient les maladies tropicales. Et encore, 50% sont issus de recherches" vétérinaires!» Ces maladies infectieuses sont pourtant la première cause de mortalité dans le monde: près de 17 millions de décès chaqu