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Libération
Analyse

Nick Leeson fait la promo de sa chute.Un film sort sur le fossoyeur de la Barings, qui compte dessus pour rembourser ses avocats.

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publié le 19 janvier 2000 à 21h51

Quand on lui demande où en est l'indice Nikkei, Nick Leeson n'hésite

pas une seconde: «19 000 points cette semaine.» Celui qui fit perdre plus de 800 millions de livres à la la Barings, l'une des plus vieilles et des plus honorables banques anglaises, provoquant du même coup sa faillite, est en France pour assurer la promotion du (mauvais) film Trader qui sort aujourd'hui sur les écrans. «L'homme qui a fait sauter la banque de la reine d'Angleterre» ­ ainsi rebaptisé pour les besoins du lancement du film de James Dearden et de la réédition de sa biographie (1) ­ a presque 33 ans et l'air d'en avoir dix de plus. Souliers vernis à boucles argentées, cravate bleu pétrole, chemise jaune et chaussettes tirebouchonnant sur les chevilles: l'ex-trader ressemble plus à un supporter de rugby en goguette qu'à Ewan McGregor, l'acteur qui incarne son personnage dans le film. Avec une franchise déconcertante pour l'armée d'attachés de presse qui l'entoure, Leeson explique qu'il se serait bien passé du film comme du livre, mais qu'il n'avait pas le choix: ses frais d'avocats, depuis son arrestation à Francfort en 1995, se montent à plus de 10 millions de francs. Celui qui, pendant près de trois ans, a réussi à cacher à ses proches et à ses supérieurs des pertes colossales semble avoir aujourd'hui décidé de jouer franc jeu: «Des remords? J'en ai vis-à-vis des gens à qui j'ai fait perdre beaucoup d'argent. Mais j'essaie d'en avoir le moins possible. De toutes façons, il n'y a plus rien à fair