Grande-Synthe (Nord), envoyée spéciale.
«Ça pue la peste.» Yvon habite Grande-Synthe, près de Dunkerque. La pollution, il vit avec depuis vingt ans. «C'est comme une odeur de rouille, un peu acide. Le matin, ça prend aux poumons, ça pique les yeux. Surtout quand le ciel est bas et que le vent est au nord.» Son épouse Marie-Paule est gênée par la poussière rouge, «été comme hiver, sur les bâtis de fenêtres et sur les voitures. On peut pas mettre de linge dehors.»
Yvon et Marie-Paule ne savent pas que leur ville est pionnière dans la lutte contre la pollution. Un concept défendu par Suren Erkman, un journaliste suisse, va bientôt y être testé: l'écologie industrielle (Libération du 29/09/1999). Une première en France pour l'instant au stade de la préétude attendue pour février-mars. L'idée: les déchets d'une entreprise peuvent servir de matière première à sa voisine. C'est plus que du recyclage puisque les industries compatibles sont sur le même site, supprimant ainsi les coûts de transport.
L'exemple danois. A Kalunborg, au Danemark, ça marche depuis vingt ans: «La raffinerie fournit de l'eau usée pour refroidir la centrale électrique, laquelle vend de la vapeur à une ferme d'aquaculture qui élève des turbots», raconte Suren Erkman dans son livre Pour une écologie industrielle. La centrale électrique a mis en service une unité de désulfurisation de ces gaz. Le souffre réagit avec de la chaux, et produit ainsi du gypse. Que faire de ce gypse? Le vendre à une usine voisine de