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Libération

La finance verte vise l'Amazonie.L'idée d'émettre des «droits de polluer» fait son chemin. Controversé.

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publié le 24 janvier 2000 à 21h45

Rio de Janeiro de notre correspondant

A qui profitera le marché des «droits de polluer»? Aux pays riches, qui se dédouaneront ainsi à bon compte de leurs responsabilités dans la production de l'effet de serre? Aux pays «propres», qui feront des bénéfices en vendant leurs droits à «plus sales» qu'eux? Aux intermédiaires financiers, qui flairent déjà un nouveau filon de juteuses commissions? Aux forêts tropicales, qui trouveront ainsi les moyens de financer leur préservation? La réponse reste aujourd'hui très aléatoire: ce négoce commence seulement à fonctionner dans des conditions économiques, juridiques et scientifiques encore très floues.

10 dollars le certificat. Quelques initiatives pionnières ont déjà vu le jour en Amérique latine. L'Office du Costa Rica en charge de la préservation des parcs nationaux a engagé deux sociétés anglaises, SGS Forestry et Ecosecurities. Objectif: garantir les émissions de certified tradable offsets, des titres de droits de polluer. Les spécialistes britanniques ont visité les forêts costaricaines pour mesurer leur croissance annuelle et l'évolution de la masse de carbone contenue dans le bois des arbres. Ce carbone est absorbé, via la photosynthèse, en pompant du gaz carbonique dans l'air. En estimant l'évolution des arbres, il est donc possible de calculer le volume de CO2 absorbé. Enfin, des certificats ont été émis. Chacun d'entre eux correspond à une aire de forêt qui transforme une tonne de gaz carbonique par an. Le certificat d'une tonne